Chapitre 1 : mon enfance

Publié le par Andre.G

Je sais que mon aïeul Jean Baptiste GALBY, originaire de la région du Puy en Velay qui était scieur de long, est parti vers 1750 de cette région, pour une saison pour le Perche. J’imagine ce voyage à pieds, étape par étape, par tous les temps, avec outils, baluchons.


Les routes étaient-elles bien sures pour ce type de voyage ? Si je suis là aujourd’hui, c’est bien grâce à eux et vous les descendants de ces Galby ou Garbit (je parlerais sans doute de quoi a été du ce changement de patronyme) ayez donc une pensée à leurs souvenirs.

 

Son travail dans le Perche en tant que scieur de long consistait à s’installer en forêt et à débiter les troncs d’arbres, avec un passe partout de plus d’un mètre de long, en planches, madriers ou poutres. Les moyens mécaniques n’existaient pas encore, j’imagine la pénibilité de ce travail du lever du soleil à son coucher et ce par tous les temps.

 

Je n’ai pas connu mes grands-parents paternels que ce soit ma grand-mère Arthémise CHEVALLIER née à Unverre (Eure et Loire) le 27 décembre 1867 et décédée le 2 janvier 1924 ou mon grand-père Adrien Théodore GALBY né lui aussi à Unverre le 23 mai 1859 et décédé le 2 juillet 1931. Ils ont eu 11 enfants. Pourrait-on encore imaginer de nos jours une famille avec autant d’enfants ?

J’ai encore en mémoire le souvenir de mes 8 oncles et tantes que j’ai bien connu.

Mon grand-père Adrien Théodore avait comme profession journalier. Il a mis fin à ses jours par pendaison en laissant une lettre expliquant à sa famille qu’il ne voulait être à la charge de ses enfants !!

 

A cette époque les lois sociales n’existaient pas. La vie était bien dure pour celui qui n’avait pas de richesse et qui n’avait plus la force pour travailler.

 

J’ai eu le bonheur de connaître mon grand- père, Charles ROUSSEAU né le 31 octobre 1884 et décédé le 20 avril 1958 à Saumeray et ma grand-mère Léa GIROUX née le 12 août 1884 à Marchéville et décédée le 10 décembre 1967 à Bonneval.

Déjà les arrières grands parents Rousseau étaient installés sur la commune de Saumeray. Mon grand-père Charles comme beaucoup de ses copains quittaient l’école à l’âge de 13 ou 14 ans et certain même bien plus tôt. Il fallait aider les parents ou le fermier voisin et pas question de refuser ou de contester les parents.

Ma grand-mère Léa à l’âge de 11 ans fut louée dans une famille comme bonne, une anecdote qu’elle racontait : sa première patronne lui a demandé de s’occuper à cuire une poule pendant son absence pour aller en course,

«  À son retour, elle lui a demandé : as-tu vidé la poule ?

« Non Madame, elle est dans la marmite »

« Mais il fallait enlever les boyaux !! »

Et ma grand-mère de répondre : « je ne savais pas qu’il fallait le faire ».

 

Cela nous fait comprendre comment vivaient si pauvrement les familles à cette l’époque et que dans l’alimentation de ma grand-mère on ne devait pas souvent manger de la poule !!

 

Après leur mariage Charles et Léa ont été embauchés au moulin de Crouzet, à proximité de Saumeray, chez Léon Colas minotier. C’était un moulin à farines à vocation régionale très connu à cette époque. Ce moulin à eau était installé sur le Loir a été modernisé par la suite, puisque dans les années 1980, il était encore en activité.

Toujours est-il que Charles en était la ‘première main’ de Léon Colas (terme utilisé à l’époque pour désigner le premier ouvrier et homme de confiance d’un patron). Pour assurer la bonne marche du moulin, Charles se rendait à pied chaque jour, de Saumeray au moulin Colas distant de 2 kms.

Léa, qui n’était pas encore son épouse, était à ‘demeure’, employée chez les Colas comme bonne à tout faire, comme était nommé ce personnel à l’époque. Travail comme il était de coutume à l’époque à effectuer toutes les tâches ménagères et intendances de la maison.

L’épouse de Léon Colas très malade, était alitée et ma grand-mère Léa disait laver une paire de draps chaque jour, puisse être dans un lit propre.

Léon Colas livrait de la farine pour toutes les boulangeries environnantes, et même jusqu’à Chartres. La livraison s’effectuait avec une grande charrette bâchée, tirée par 2 chevaux.

Léa attendait le soir, le retour des livreurs et charretiers pour servir le souper.

Charles a plu à Léa et se sont mariés à Saumeray le 7 juin 1910. Ils se sont installés petit à petit, au Grand Bois de Saumeray dans un petit carcotage composé de quelques champs d’herbage et autres terres en location. Un cheval, puis deux, quelques vaches, un jardin potager permettaient d’assurer le gagne-pain. Le vrai bonheur ce petit chez soi !!

Dans ces années, mes grands-parents ont recueilli trois orphelins, enfants de la sœur de Léa mariée à Adolphe (je ne connais pas le prénom), tous deux décédés. Ils les ont recueillis, sinon je pense que ces enfants auraient été remis à l’assistance publique. Ces trois enfants ont toujours été très reconnaissants à mes grands-parents. Ils se prénommaient Renée, Raymond et Georgina.

Je ne pense pas qu’à cette époque un soutien social existait, ils ont été pris naturellement en charge par mes grands-parents.

Il y en avait du travail, manier la faux pour la fenaison et la moisson, s’occuper du bétail, de la basse-cour et du jardin.

De cette union, sont nées deux filles Alice ma mère née en 1912 à Saumeray et Rolande décédée de la tuberculose à l’âge de 26 ans .en 1949

 

Mon père René GALBY est né à Unverre le 12 septembre 1903, il était charretier dans les fermes environnantes. Reconnu compétent, courageux adroit à travailler et infatigable. Doté d’un caractère gai et sociable aimant les fêtes de village où il fréquentait les bals avec ses frères. Il, faut dire qu’ils étaient heureux de posséder des vélos.

 

C’est sans doute à une fête de village qu’il a fait la connaissance d’Alice ROUSSEAU, celle qui devint ma mère. Il faut dire qu’il était un très bon danseur A l’époque elle travaillait à la ferme chez ses parents.

Avant que d’être charretier mon père vers l’âge de 11 ou 12 ans, a appris le métier de berger, il devait réaliser les enclos pour parquer le soir les moutons. La nuit il restait à coté de ses bêtes en dormant dans une roulotte de berger, pour pouvoir les surveiller. Le lendemain matin il conduisait le troupeau sur une nouvelle pâture.

Pour rompre sa solitude, il a appris à jouer de l’accordéon et de l’harmonica. Il venait prendre ses repas à la ferme.

Vu son âge, c’était un travail difficile que de s’occuper d’un troupeau de moutons, il lui fallait le soigner, tailler les sabots, tondre, éviter que les chiens errants les attaquent.

 

Il y avait à l’époque, une coutume annuelle (la louée) les ouvriers de ferme cherchant du travail, se rendaient à cette foire, avec un signe distinctif permettant de faire connaître leurs spécialités. Par exemple le charretier avait un fouet sur l’épaule. Les employeurs avaient été renseignés par leurs antennes, sur l’expérience et la valeur de certains de ces employés venaient prendre contact avec eux. Après ce contact, le premier point de la discussion était le salaire. L’employeur qui avait eu une bonne impression, invitait ensuite l’ouvrier au café, pour discuter et apprendre à mieux le connaître. Cela pouvait ressembler à un CV oral. Il fallait connaître d’un peu plus prêt cet éventuel employé, était- il marié ? que faisait i-il d’autre ? Pas d’ivrogne chez moi. Le logement posait rarement un problème, il y a moins d’un siècle les commis dormaient à l’étable ou à l’écurie sur un matelas de balle et de paille.

 

Mes parents se sont mariés en 1930, mon père a rejoint l’exploitation de mes grands-parents, il y avait déjà sur cette propriété 2 maisons, une pour chaque ménage. Quelques années plus tard, mes parents ont fait l’acquisition d’une fermette au Grand Bois avec l’aide financière des parents Rousseaux. Puis à leur tour, ils ont pris en location des terres et ont monté leur carcotage.

 

Mon père en ces années-là, avait acheté une T.S.F. Philips (un poste de radio) à la vente de Vilousier à Launay. Comme à la maison de mes parents, à cette époque, il n’y avait l’électricité, nous sommes allés à la maison des grands-parents pour pouvoir brancher cette radio, afin de pouvoir l’écouter. Mais là pas encore de prises de courant et c’est sur une douille voleuse que le branchement a pu être effectué. (Système de douille pour ampoule électrique muni d’une prise de courant)

 

C’était posée sur la table de cuisine et nous tous assis autour que nous avons pu écouter cette T.S.F. du coup enchanté et émerveillé, grand-père Charles a acheté une belle T.S.F. Ariane. Il a demandé au menuisier de venir installer une étagère pour y poser la T.S.F.

A cette époque, les gens bricolaient peu, les outils électroportatifs n’existaient pas encore, un électricien Chareau s’étant installé à Bonneval, c’est lui qui est venu mettre l’électricité à la maison.

 

J’ai peu de souvenirs de ma petite enfance, j’ai dû être gâté étant donné que j’étais le premier des petits enfants, mon frère Claude est venu après moi.

La vie de ma petite enfance s’est déroulée dans la quiétude et la sérénité. Je garde de cette époque le souvenir de la sympathie et de la gentillesse des gens de mon village.

 

C’est à 5 ans comme les autres enfants de mon âge que j’ai, pris le chemin de l’école, c’était à 2 kms de notre maison. Pas de bus !! C’est à pieds sac au dos avec livres et cahiers, sans oublier le repas de midi que je me rendais par tous les temps à l’école du mois de novembre au mois de mars. Quand le temps le permettait nous prenions notre repas sous le préau. L’hiver nous avions droit à une soupe de légumes chaudes, grâce aux cultivateurs qui livraient des tombereaux de choux et de citrouilles.

 

C’était à 5heure la sortie de l’école, à nouveau 2kms sur le chemin, direction la maison. Certain jours, il y avait bien quelques chahuteries, mais jamais rien de bien méchant. Au retour à la maison on avait droit à un petit goûter, puis les devoirs et les leçons que nous allions réciter à l’étable ou notre mère trayait les vaches.

Publié dans Autobiographie

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