Chapitre 8 : S’installer à notre compte, La naissance des enfants, La famille en deuil, L’évolution fulgurante du commerce.

Publié le par Andre.G

Bref la vie continua chez mes patrons. Cependant il y eu un fâcheux incident. Nous avons trouvé jeté à la poubelle, une publicité d’agence immobilière ou les Bassaler mettaient la reprise du magasin.

Vous pouvez comprendre qu’elle a été bien grande notre déception. Je suis allé voir le gérant des comptoirs modernes de Bonneval qui m’ont donné la marche à suivre pour poser notre candidature à la gérance d’un magasin.

Quelques semaines passent encore et les Bassaler nous demandent si étions toujours prêts à nous engager à la reprise du magasin. La réponse que nous leur avons donnée a été positive. Je n’ai pas manqué de leur faire part de la découverte de l’annonce laissée traînée, bien en évidence à notre intention.

Je ne sais plus si suite à cette discussion, nous avions encore de la confiance à leur égard.

C’était en fin de semaine et nous devions leur donner notre réponse pour le lundi suivant. C’était un engagement important, nous nous sommes agenouillés au pied de notre lit, implorant le saint Esprit et avons donné notre réponse positive de nous engager à la reprise du magasin. Ous avons convenu du prix de condition générale.

 

Les Bassaler avaient pris l’habitude de fermer en juin, pour les congés annuels. La décision fut prise qu’à la réouverture de juillet, nous assurerions la succession.

C’est ainsi que pendant ces vacances, nous avons fait notre voyage de noces à Lourdes. Nous avion vu le curé de Saumeray pour lui expliquer notre projet. Il faut dire que nous n’étions pas bien argentés et grâce à son intervention, nous avons logé à l’hôtel restaurant ‘ La Croix des Bretons de Lourdes.

Les cadeaux de mariage de l’époque, ne comprenaient que des objets de premières nécessités pour un jeune ménage, ce qui n’était déjà pas si mal.

 

Pour aller dans le sens de nos désirs et moyens ce qui permit de réaliser nos vœux, à notre retour de Lourdes, un compromis de vente fut signé chez Maître Piaro. Le notaire m’annonçant que les Bassaler voulaient un supplément pour le camion.

J’avais demandé au garage Citroën la valeur. Bref Bassaler renonca à ce supplément et l’affaire fut définitivement conclue.

C’est le jour de la signature que nous avons appris que Bassaler exigeait l’indexation de la valeur du fond, sue le prix des produits alimentaires. A cette époque déjà l’inflation était conséquente. Ce fut une surprise très désagréable, mais bon nous aviserons avec le temps. Après quelques années la clause allait prendre effet, l’intérêt sur notre dette envers les Bassaler était de 7%.

Nous avons contacté dans notre entourage de confiance, les beaux-parents de Marguerite Perdereau et la famille Pâques briquetiers à Bonneval. Madame Pâques, dans sa jeunesse avait travaillé dans l’épicerie Peigné et avait déclaré à son mari Raoul ‘Prêtons de l’argent à André, cette épicerie est une bonne affaire et à coup sûr, Marie-Odile et André nous rembourseront ‘

 

Marie-Odile pris de l’assurance, confiante en elle et en l’entreprise. L’entente et la complicité ses jeunes exploitants parlent d’eux même en millions de francs, le chiffre d’affaire passe de 1959 à 1968 de 27 à 74

 

Je dois maintenant parler de l’évolution du commerce à cette époque.

Presque tous les épiceries étaient affiliées à des enseignes soit régionales ou nationales, déjà en 1925 un épicier d’Albi Gaston Fournials créa C.O.D.E.C. (consortium des épiceries du centre)

Prenant son bâton de pèlerin, il visitait les épiciers de France. Il rencontra au Havre la famille Reignier, épicier de gros et de détail dirigée par 2 frères. C’est ainsi que André Reignier l’encourageât à poursuivre ses démarches.

L’homme était tenace et persévérant et un rassemblement sembla important. Fournials demanda à Reignier d’en assurer la direction.

Ils louèrent des bureaux au 15 boulevard Bourbon à Paris, pour centaliser cette nouvelle activité. Reignier assura le lancement de ce groupement assisté de madame Castelli.

Ils décidèrent de nommer ce groupe C.O.D.E.C. groupement de sociétaires chez UNICO adhérents et chez UNA partenaires, chez BRAVO ou CHAMPION.

Bref le commerce se cherche un chemin et cela s’avéra très efficace pour de nombreuses années.

 

CODEC se fit connaître des industriels pour obtenir des conditions favorables à ses sociétaires. Depuis Paris nous avions toutes les informations par courrier national.

Des fiches de commandes furent réalisées par Codec, pour commander directement aux industriels et fournisseur. Les conditions de paiement avantageuses étaient discutées ainsi que les prix. Cela avait un prix qui était facturé par Codec aux sociétaires.

Les industriels avaient des marchandises en dépôt chez des transporteurs, ou l’on pouvait enlever de la marchandise, ce qui était aussi facturé directement de l’industriel au commerçant.

Au moment des récoltes de légumes et de fruits, Codec nous demandaitnos besoins annuels pour traiter avec les conserveries les meilleurs prix, pour assurer nos besoins à la marque Codec.

Il en était de même pour les conserves de poissons traitées par les pêcheries, le thon, les sardines etc. etc... Nous recevions ces conserves en trois livraisons échelonnées, tout comme les échéances de paiements.

 

Nous recevions des Pont l’Evêque d’Equemonville dans la Calvados acheminés par un relais de bus.

 

Bassaler était sociétaire de Codec et Codec fit la fine bouche pour nous accepter et nous demandait une caution pour nous soyons sociétaire et assurer la continuité. Les parents Violets se sont porté caution, non sans élément notariés. A l’époque pour faire partie de l’organisation Codes, il était nécessaire que le commerce doive être géographiquement bien placé au centre-ville. Les épiciers devaient avoir de réelles compétences, par exemple griller le café était un plus etc. etc.

On ne parlait pas encore de parking à cette époque !!

 

C’est à cette époque que l’on entendit parler du séminariste de Concarneau Edouard Leclerc qui prétendait pouvoir vendre moins cher dans des locaux assez vastes, peu onéreux en loyer et sans luxe.

Codec se voulait rassurant, ces granges à vendre ne séduiront pas notre clientèle. Mais le système Leclerc progressait, Codec appris que Leclerc bénéficiait du remboursement de la T.V.A. sur ces investissements.

Lors d’une assemblée générale à Paris, Codec invita le ministre du commerce de l’époque Fontanet.

Mais dans les cartons du gouvernement, il y avait un projet pour l’extension de cette loi. Les commerçants furent aussi confrontés à une nouvelle comptabilité. Ce fut pour certain très ardu et compliqué, voir décourageant pour d’autres. C’était tellement éloigné du bon commerçant aimable et serviable.

Mais l’idée de Leclerc donnait de l’appétit à certaines puissances financières, des industriels du textile en peine de vitesse par exemple. C’est là que l’on vit naître Carrefour en banlieues parisiennes, puis à Chartres.

 

J’ai en mémoire les propos de Reignier, lors d’une assemblée générale, il avait fait un voyage d’étude aux Etats-Unis ‘Cela ne convient pas au tissus social de la France, avec toutes ces villes de province et toute cette campagne, je me demande ces monstres qui les élèvera ? peut-on croire à un magasin au milieu des champs de blé ‘

 

La publicité de Carrefour Chartres pour son ouverture ‘A Carrefour, on y vient à pied, à cheval ou en voiture et même en avion !! puisque le terrain d’aviation y est juste en face.

L’année suivante lors de l’assemblée générale Reignier, nous dit ‘ Vous n’êtes plus les grandes épiceries fines de France, il faut moderniser vos magasins en libre-service ‘

 

Ce même jour, Castelli prenant la parole pour appuyer fortement le raisonnement de Reignier, tient les propos suivant ‘ Il va falloir renforcer la publicité dans vos points de vente, nous avons déjà à notre disposition des mobiles Centomic suspendu au plafond, des affiches évoquant les quatre saisons et les produits de circonstance ‘

Cela dit il ne suffit plus, il faut développer de suite la publicité. Dieu dit-il n’a –t-il pas de cloches, mais cela aura un coût et les sociétaires devront mettre la main au porte- monnaie.

Le commerce de papa avait vécu !! Après tout ce vécu, on restait confiant et déterminé à agir.

 

C’est ainsi que nous décidions de moderniser Bonneval en 1962, transformant notre petite surface en libre-service. Nous avions des ailes et étions remplis d’espérance. Codec nous a aidé avec un bureau d’études et aussi à trouver un emprunt auprès des banques.

Le moment venu, nous avons vidé tous les rayons, les démonter pour les transporter à l’annexe en face. Ce fut un gros travail. Ce magasin de 1900 avait vécu, avec ses comptoirs de bois surélèves de rayonnages en chêne montant jusqu’au plafond. Une caisse à estrade, une grande glace à l’arrière, de chaque côté des vitrines fermées pour l’exposition de l’eau de Cologne et des parfums.

Pendant les travaux nous vendions dans l’annexe, un peu de fortune. Nous avons pendant les travaux réalisés plus de chiffre que l’année précédente, à mois comparatif. L’ensemble des travaux de modernisation de notre magasin, de déclarer c’est à vous décourager de réaliser de beaux magasins, si vous augmentez votre chiffre dans des conditions aussi précaires.

 

Mes travaux terminés, nous avons pris possession de notre nouveau magasin. En réalité dans notre ancien magasin, nous étions des vendeurs d’épices et de conserves. Du temps de nos prédécesseurs, nous ne vendions que des oranges dans une corbeille de 15 litres, posée à terre.

Marie-Odile avec son dynamisme et des yeux neufs voyant bien les choses en face, convoqua des grossistes en fruits et légumes pour l’ouverture d’un rayon de ces produits. Le résultat fut très concluant.

A cette époque, elle était très friande de pêches, elle était enceinte de Marie-Noëlle et s’en délectait, ce qui ne laissait aucun doute sur leur fraîcheur commerciale.

 

Et c’est le 23 décembre 1962 que naissait Marie-Noêlle.

 

Le 23 décembre étant une période de fête et de vente de chocolats de Noël, l’accueil des clients pour les aider dans leurs choix, l’emballage des cadeaux.

 

Marie-Odile se souvient de l’accueil chaleureux à la maternité, pour les remercier nous avons offert au docteur Bernardier une caisse de vins d’Alsace 1961, une très bonne année pour les Alsace, du café fraîchement torréfié de qualité supérieure. Sans oublier les infirmières à qui nous avons offert du parfum Morhange

 

Nous avions un meuble froid pour la vente des produits de crémerie. Nous étions sollicité par des représentants, exemple celui de Juradon voulait nous vendre une meule entière de 50 kg ‘ Mais monsieur ici nous n’en avons pas le débit pour acheter une meule entière ‘ et lui de nous conseiller de la mettre à la cave avec un torchon mouillé à l’eau salée dessus.

Voyant notre réticence, il nous propose de nous livrer une demie meule et de le payer que ce nous vendrons. Le Juradon est un très bon gruyère et ce fut un véritable succès. Nous avions chaque weekend- end, une clientèle de parisiens et pourtant nous sommes à 100 kms de Paris. Ils en emportaient de biens gros morceaux.

 

A cette occasion, j’évoquerais les conflits mondiaux, la guerre d’Algérie, l’affaire du canal de Suez et que sais-je d’autre.

 

Les parisiens se ruaient sur tout, tant ils avaient connu les privations de la guerre. J’ai le bon souvenir de mes fournisseurs de Chartres, il faut dire que j’étais un bon client et à cette époque, ils ne m’ont rien refusé. Parfois en avance sur ma tournée, je me rendais à Chartres pour enlever 10 sacs de sucre de 100kgs. A cette époque la concurrence des grands magasins commença à peser sur l’attitude des industriels.

C’est à ce moment que Codec pris un virage. La construction de vastes entrepôts, pour, que les industriels et producteurs puissent livrer par camions ou par le rail l’ensemble des produits. Cette époque pouvait semblait quelque peu déroutante.

 

Un exemple les établissements Reckit qui fabriquait les produits Zerbraline Savora pour les fourneaux le miror, achetèrent la moutarde Sanora, cela nous sembla du n’importe quoi. Le directeur de Codec disait, quand vous recevez des fournisseurs pour discuter, vous ne savez plus qui est en face de vous et qui fait pschitt ou pas. Cae Perrier reprenait n’importe quoi, cela pour illustrer la situation.

 

Cela allait vite, très vite, nous n’achetions plus de vin en fut, plusieurs gros embouteilleurs étaient sur les rangs, Jules Darnoy, Vin des Rochers, la Vielle Garde et bien d’autres.

Puis à partir d’entrepôts, Codec nous livrait des huiles en bouteilles plastique, au prix identique à celui que nous achetions en fût. Et quel avantage !! Plus de problème avec le personnel pour lui faire effectuer ce travail à ce labeur.

 

En revanche, il fallait être discipliné pour envoyer, à l’heure notre commande d’un maximum d’articles à l’entrepôt de Lonyjumeau et être aussi prêt à réceptionner la livraison à l’heure fixée.

Notre jour de livraison à Bonneval était le jeudi. Les enfants de Pierre et Marguerite qui habitaient Bonneval venaient en renfort, pour évacuer la marchandise vers l’étage, le grenier ou la cave.

C’était une joie pour eux, ils avaient le goûter, un flan très renommé de la pâtisserie Matz, des gâteaux et du soda. Chez nous disaient-ils ‘On ne boit que de l’eau ‘ Quand cela était possible, les enfants de Jean-Marie qui habitait Aigneville de Pré Saint Martin se joignaient à eux.

 

Malgré tous ces efforts, nous devenions inquiets pour l’avenir, aiguillonné par Codec. L’avenir disait-il est au supermarché, tout sous le même toit, épicerie, fruits et légumes, boucherie, crémerie développé, pain, pâtisserie et du non alimentaire plus développé, avec des surfaces allant de la supérette de 250 m2 au petit supermarché jusqu’à 800 m2.

 

Conscient de cela nous étions attentifs à tout ce qui se passait à Bonneval, chaque enseigne plaçait ses pions. Le Familistère racheta un collège chevillait à 200 mètres de notre magasin. Soit dit en pansant le familistère, maison à succursale multiples était la propriété de l’empire Boussac, des chevaux de courses Boussac, que sais-je encore.

Nous s’avions que notre commerçant voisin vendrait bientôt son café, sa surface était encore moins importante que la nôtre. Cela ne valait pas l’investissement.

 

Nous avons prospecté quelques temps et Codec nous dissuada d’investir à Bonneval, pour la raison que la Beauce n’est pas assez peuplée, avec comme propos ‘ La Beauce c’est le Texas et si vous savez bien vendre votre fond et avec ce que vous pourrez emprunter, la belle surface de vente que vous pourriez réaliser ailleurs si vous nous faites confiance, nous vous aiderons à vous préparer à cette reconversion et vous monsieur Galby, vous ferez un stage d’un mois, chez un collègue que nous organiserons, pour une première expérience en supermarché ‘

Ils me conseillèrent de vendre notre magasin actuel et d’effectuer un stage, en juillet 1967, chez un administrateur Codec dénommé Caraz à Dignes.

 

J’ai donc pris le train avec notre inventaire annuel mis dans une caisse à oranges vide. Elle me servit bien pour m’asseoir tant le train était bondé en cette période de vacances. Le chiffrage de cet inventaire fut fastidieux à cette époque, nous n’avions pas de tarif général à jour. Il fallait repiquer le prix d’achat dans les factures fournisseurs.

 

Monsieur Caraz m’avait retenu une chambre à Dignes, dont il régla la note lors de mon départ. Je prenais les repas au plus économique. Monsieur Caraz venait d’ouvrir un 2eme point de vente à Oraison, qui peinait à trouver son chiffre et sa rentabilité. Il me conduisit sur place pour avoir mon avis.

Ce que je savais déjà, c’était l’implantation des rayons par rapport au cheminement de la clientèle dans le magasin. Lui ayant donné mon avis, il me répondit ‘ Monsieur Galby vous avez carte blanche, cela confirme ce que pensais ‘ L’implantation avait été faite par de jeunes commerciaux de Codec.

 

A mon retour, il donna à la direction de Codec, un avis plus que favorable à mon égard. Pendant mon absence, Marie-Odile dirigea le magasin et tournées de main de maître. C’est un employé qui assumait les tournées, aidé par un neveu Dominique, âgé de 14 ans, le fils aîné de Jean-Marie.

 

A mon retour de stage, j’étais plus que jamais décidé à faire le saut. Estimant que nous perdions notre temps, après avoir vécu la vente moderne en libre-service. Le magasin de Dignes avait une surface de 400 m2 et ne désemplissait pas de clients. Quelles différences que de visites des clients à domicile et tant d’efforts déployés pour réaliser notre chiffre d’affaire.

Mon absence avait intrigué notre clientèle, la rumeur allait allant jusqu’à supposer que j’étais malade, ou qu’il se tramait quelque chose. C’est pour cela que j’ai demandé une publicité dans le journal, une photographie de moi torréfiant le café intitulée ‘ ça grille, mais ça sent bon ‘ pour rassurer les clients, on est bien là et le commerce continue.

 

A la suite de ce stage, nous avons eu rendez-vous chez Codec qui m’ont dit ‘ Votre stage est concluant, vendez votre affaire, après quoi nous organiserons pour vous des stages étape par étape, organisation générale, gestion dans nos magasins pilotes ‘

Nous avons mis notre magasin en vente à l’agence Treiffel à Orléans. Nous avons vite trouvé un repreneur et un compromis de vente fut signé en novembre 1968, pour cession au 1er janvier 1969. Nous avons assisté nos successeurs 15 jours, pour les aider aux coutumes de l’entreprise, monsieur Pierromet rentrait parfois désespérer de tournées et tenait ces propos ‘ Dédé parti, tout est foutu ‘ à chacun sa vie !!

 

Nous avions déménagé à la maison des parents à Pré Saint Martin. Nous reprîmes contact avec Codec, pour nous préparer à ouvrir notre propre supermarché. Notre premier stage se déroula à Le Réale prés de Réale Marmande, dans un supermarché Codec de 400 m2 en centre-ville sans parking. A cette époque les organisations professionnelles ne semblait pas sentir cet inconvénient, bien que la presse du commerce moderne L.S.A. rapportait que nos collègues américains annonçaient ‘ No parking, no bisness Nous sommes restés en stage un mois, à nos frais et avion loué une pièce en sous-sol, chez des particuliers.

 

A la fin de ce stage, nous avons assuré la tenue d’une supérette à Bègles, pour remplacer un jeune ménage de commerçants qui ont profité de l’aubaine pour s’évader. Ils nous offrirent le gîte et le couvert, dans leur maison à proximité pendant 15 jours. C’était Pâques, nous sommes rentrées chez les parents Violette à Bonneval.

 

Etre séparé de nos enfants fut un gros sacrifice, pour nous et aussi des parents Violette qui avait élevé 8 enfants, avaient déjà plus de vingt petits enfants et ce fut très gênant de leur demander encore. Même si pécuniairement nous les indemnisions.

 

Nous ne pensions pas que notre exode, notre passage à vide perdurerait aussi longtemps. Entre temps, Codec conscient de la situation ; nous convoquèrent, c’était fin avril 1969. Nous étions salariés en attendant notre installation et nous proposaient de tenir leur supérette place terre aux Ducs à Quimper. Ils nous proposèrent un logement qu’ils louaient, pour leur directeur.

C’est donc avec la camionnette du magasin que nous avons faut ce déménagement et avons des meubles à Pré Saint Martin pour Quimper. L’ensemble de notre mobilier y était stocké.

Pascal et Marie-Noëlle ont fait partie du voyage et ont été scolarisés à Quimper.

 

Nous avions des entretiens réguliers avec Codec, ils voulaient prendre position à L’Aigle dans l’Orne. Ils étaient en négociation avec un garagiste du centre-ville, pour reprendre la surface de son garage ey installer une petite supérette. Mais les pourparlers n’aboutirent pas. La concurrence avait pris un emplacement, non loin de là et de surface bien supérieure.

Désespérés nous avons informé Codec que nous rentrions chez nous à Bonneval pour assurer, nous même des recherches. Mais tout en gardant espoir sur eux.

 

Nous avons alors sillonné la France du nord au sud. Codec nous conseillait de ne pas chercher dans l’est, pour des raisons de dialecte. Le magasin Codec de Denain, dans le nord nous aurait bien été vendu, joli libre-service pour l’époque. Cela ne se fera pas, le directeur financier prit notre défense en face des vendeurs. Ce magasin ne peut pas être agrandi et il lui faudrait un rayon boucherie. En plus de la reprise, c’était un investissement impossible.

 

Puis Codec nous proposa de nous rendre à Fumel dans le Lot et Garonne, ou des locaux d’une grande quincaillerie étaient à louer. La région était en crise de la métallurgie et la concurrence en place était déjà très virulente. Ce n’était pas envisageable et de notre côté, nous avions mis des annonces dans le journal de la France Alimentaire. Nous fume inondés de propositions.

 

Nos collègues d’Eure et Loire comprenant nos difficultés, alors que nous habitions Pré Saint Martin, ceux de Chartres monsieur et madame Bedais nous ont rendu visite, pour partager nos difficultés et nous disent ‘Vous ne pouvez rester comme ça, à vous morfondre, venez donc travailler chez nous ‘

Ils avaient ouvert en société avec le Codec de Dreux monsieur Voisin l’hypermarché Concorde ‘Avec les stages de gestion que vous avez fait, vous nous seriez de bon secours, pour nous aider à y voir plus clair dans notre gestion ‘ Ils avaient en effet de gros problèmes et ils maîtrisaient mal l’informatique mais à ce poste, je n’avais aucune aptitude. Mais faire les comptes d’exploitation par rayon étaient de ma compétence.

Ils n’étaient non plus entourés de personnel suffisamment formé pour le non alimentaire. Par exemple les employés prenaient des pièces sur du matériel neuf en stock, pour satisfaire des clients sur du matériel qu’il leur avait été vendu.

Il y avait en stock du non alimentaire, à faire peur. Alors que je travaillais à Dreux, Marie-Odile tenait la succursale des Bedais place Billard à Chartres. Leur magasin principal était place Marceau, les Bedon nous logeaient à Chartres à l’étage d’une maisonnette rue Saint Brice ou ils avaient un grand entrepôt. Le matin Marie-Odile prenait son travail à Chartres et moi soit le Bedon me prêtaient une voiture, soit j’allais avec à Dreux.

 

La direction de Codec faisait des visites rapprochées à l’hypermarché étant donné les difficultés, je les rencontrais mais toujours rien pour nous. Nous rentrions le dimanche à Bonneval, et Pré Saint Martin. Les enfants s’ennuyaient de notre absence et nos parents se décourageaient de cette situation ‘Vous vous faites beaucoup d’illusions, Codec se moque de vous ‘ Cependant ils nous faisaient des offres périodiques, sur Bayonne, Rochefort sur Mer, des centres commerciaux construits, mais avec une concurrence importante à proximité. Puis à Grasse ou un pied noir avait ouvert un supermarché Codec, mais ce n’était pas un professionnel. Ils ont essayé de lui faire vendre son affaire, mais il refusa.

 

C’en était trop, nous décidâmes de prendre contact avec la chambre de commerce de Chartres. La personne qui nous reçut était le fils d’un de nos représentant multicartes un certain Schmitt, lui espérait succéder à son père. Il nous a expliqué que pour Codec les supérettes ne les intéressaient plus et qu’ils se dirigeaient vers des supers et hypermarché.

Il nous donna les adresses de celles-ci, UNICO EGE UNA. Nous nous sommes donc tournés et adressé à ces enseignes.

 

Egé nous proposa Tours, une supérette en train de mourir face à un hypermarché Radar. Les mêmes désillusions nous reprenaient. Enfin nous avons eu un contact avec UNICO à Paris et un rendez-vous rapidement. C’était différent de Codec, Unico était composé de coopératives régionales sous la même enseigne. Nous fume pris au mot. Notre coopérative de Metz cherche des adhérents comme vous. De suite il téléphone sur le champ, au directeur monsieur Philippe qui nous propose pour le lendemain un rendez-vous à Metz. ‘ Non monsieur, nous devons prévenir nos parents qui gardent nos enfants, avant de prendre la route ‘

Il nous propose de rentrer chez nous et de nous prendre un rendez-vous pour un des jours suivants à Metz avec monsieur Philippe. Ce qui fut dit fut rapidement fait. Le point de chute fut la gare de Metz, il avait été convenu que le signe pour le reconnaître était un journal sous le bras.

Il nous avait réservé une chambre à l’hôtel Métropole. Il avait eu la délicatesse de nous accueillir avec son épouse.

L’après midi, il nous présenta une surface en centre-ville à Pont à Mousson ou la centrale avait déjà une option et si nous n’êtes pas pressé, demain je vous montrerais un projet de la centrale à Maiziéres les Metz. Nous avons racheté en centre-ville une boucherie, avec un terrain assez vaste avec un bail, pour y installer une supérette (nous avons construit ce magasin sur un terrain d’autrui en exigeant du propriétaire de nous accorder un bail amphi théorique)

Notre choix fut vite pris, ce sera donc à Maiziéres les Metz que nous ouvrirons notre magasin. Monsieur Philippe nous donna son accord après que nous lui ayons expliqué notre situation familiale et l’apport financier que nous pouvions mettre. Il nous proposait en attendant la réalisation des travaux du magasin de m’employer à la centrale Unico de Paris en attendant la fin des travaux planifiés pour 1971. J’entends encore ses paroles ’ Ils sauront bien vous employer chez leurs adhérents ‘

 

Il fallut donc, nous loger à Paris et nous travaillons à la société, Tréma exploitant un supermarché à Charenton. Les dirigeants étaient très accueillants, un italien et un espagnol. Nous leur avons mis en place des moyens de gestion manuels, des cadensiers pour la gestion des stocks, des tarifs tenus à jour et mis en place des comptes d’exploitation par rayon.

Ils nous ont fait part de leur très grande satisfaction en nous expliquant que jamais personne de la centrale, ne leur avait apporté autan d’aide et de soutien dans le domaine de la gestion.

 

Nous sommes rentées à Pré Saint Martin entre Noël et nouvel an, pour préparer nos valises pour Metz. C’était un transporteur de Châteaudun, les établissements Picard qui à l’époque transportait du vin de chez Darmoy, qui fit notre déménagement en janvier 1972.

Nous étions enfin chez nous, nous avions nos enfants avec nous, dans un appartement juste au-dessus du magasin en cour de construction. Les enfants furent scolarisés à Maizières les Metz et nous fument heureux d’avoir à nouveau une véritable vie de famille. La plus marquée et se sentant même abandonné fut sans doute Marie-Noëlle pendant toutes ces périodes de séparation ou nous avons vendu le magasin de Bonneval et celle de notre arrivée en Lorraine. Ce fut pour tous même pour les grands parents, un passage pénible et sans doute douloureux aussi.

En attendant que les travaux se terminent, j’étais employé salarié à la société Unico de Metz.

 

Le 6 juillet 1972, notre rêve devint réalité, l’ouverture de notre Supérette

 

Il y eu de vive réactions des adhérents Unico lors de l’assemblée générale. C’était le premier supermarché de l’enseigne à Metz. Les collègues ne voulaient surtout pas que nous ayons l’enseigne Unico, ni d’ailleurs aucun signe apparenté. Les adhérents de Moselle posèrent la question ‘ Qui finance cemagasin ? et le directeur Unico ‘monsieur Galby finance à la hauteur de 40 millions ‘ l’un des plus gros adhérents de l’époque de s’exclamer que s’il avait ce capital, il ne le placerait pas là !!

Monsieur Philippe de répondre ‘ Messieurs soyez accueillant envers madame et monsieur Galby qui ont quitté leur région pour venir chez nous et vous seriez-vous prêt à en faire autant ‘

Avec la direction d’Unico Metz, nous avons cherché le nom pour l’enseigne du magasin. Philippe propose Super Point Bleu. Les galeries à l’époque Super G. Me vint l’idée de Super U j’avais dessiné un cycle sur notre table de salle à manger, le proposant à la direction d’Unico, qui accueillit cette naissance avec beaucoup d’intérêt et déposant cette enseigne légalement au I.N.P.I. (institut national de propriété industriel) Le premier Super U de France était né, notre magasin fut un succès, malgré que nous soyons revenu 10 ans en arrière sur le plan de l’approvisionnement. Unico n’avait en ses entrepôts que quelques produits lourds et de très grande rotation.

 

La centrale avait ses propres camions, pour le transport de la marchandise livrée en vrac. Il fallait disposer de chariots pour mettre cette marchandise en réserve. Unico nous donnait des bons de commande à remplir, pour les centraliser et pour envois groupés aux fournisseurs. Ils livraient la totalité à la centrale et ensuite Unico en faisait la répartition pour la livraison aux adhérents accompagnés de facturette, regroupées en relevées de factures.

Cela dura plusieurs années, puis la direction nationale Unico demanda aux coopératives régionales de prendre le choix de la concurrence. Tel Codec avec des entrepôts assez vastes pour permettre aux adhérents d’acheter, chaque semaine le réapprovisionnement pour leur point de vente.

 

Dans ce genre d’évolution, nous étions très à l’aise. Devant le succès de notre magasin, Unico Metz prospectait sans cesse pour de nouveaux points de vente. En l’espace de 3 ou 4 ans, ils réussirent à ouvrir une bonne dizaine de Supermarché de proximité. Il fallait recruter des dirigeants, comme nous d’autres régions. En Lorraine les commerçants qui nous avaient reçus comme des intrus, se disaient non disposés à investir dans cette forme de nouveaux commerces.

Certain nous invitèrent à leurs tables, pour nous faire parler et savoir si nous étions satisfaits, que les bruits qui l’annonçaient. Notre réussite était bien connue aux seins des directeurs régissant d’Unico, principalement monsieur Jaulnaut dirigeant d’Unico centre-ouest à Nantes et président d’Unico France. Il nous demanda un rendez-vous à Maiziéres avec monsieur Philippe, ayant fait le tour de notre modeste petit supermarché, il nous posa cette question ‘Vos clients quand ils désignent votre magasin, disent-ils venir chez monsieur Galby et comment disent-ils ?‘

Ma réponse fut ‘ A Maiziéres, ils disent aller à l’U ‘

Nous nous sommes bien gardés de faire savoir, qu’étions d’anciens petits commerçants. C’est par la suite, que la décision fut prise pour lancer cette enseigne sur le plan national à savoir ‘ Super U ‘ Notre succès grâce à l’enseigne Super U leur servit pour le faire savoir par la professionnelle (voir la copie de la coupure de presse de l’époque).

Nous avons reçu beaucoup de confrère de la France entière, souhaitant faire le pas vers le supermarché. Nous recevions aussi des jeunes se destinant au commerce soit en magasins ou dans les coopératives Unico.

Ayant nous-même connu cette situation, de gens déplacés, si ils logeaient à l’hôtel, nous les recevions tous à notre table.

 

Notre centrale à Metz, évoluait dans le bon sens, elle nous livrait la marchandise sur des rolls. Les chariots roulants avaient des hauteurs de ridelles de 1.20 mètre, pour tenir la marchandise et au lieu décharger paquet par paquet, on déchargeait les camions munis de haillons. Il était nécessaire de limiter la main d’œuvre et les frais de toute nature pour être compétitif par rapport à la concurrence. La compétition à outrance naissait.

 

La confiance malgré tout s’affirmait. Les représentants des industriels étaient priés de visiter nos magasins, pour constater la présence de leurs produits dans nos points de vente. Ils disaient que cette forme de commerce de magasins de moyennes surfaces et de proximité, c’est l’avenir (en bombant le torse)

A l’aise financièrement, dans notre affaire de Maizières, Unico nous flattait et nous conseillait vivement d’ouvrir un deuxième magasin. En y réfléchissant nous nous dîmes pourquoi pas ! Nos enfants grandissaient et ils pourront en assumer la direction et nous vieillissons, nous pourrons superviser et les aider.

C’est avec cet espoir que nous avons ouvert, à Woippy un supermarché de proximité de 800 m2.

Avant cette ouverture, nous avons demandé, par l’intermédiaire de Philippe de visiter des supermarchés du pays de Loire ou déjà existait des surfaces de 1500 m2. Nos collègues nous ont accueillis pour que nous puissions cerner l’assortiment du non alimentaire d’une belle surface. Woippy était le premier de cette importance sur Metz

 

En ayant recours au crédit-bail, pour la construction des murs Unico avait fait beaucoup de démarches pour créer une banque coopérative, désignée ‘Inter- Coop ‘. Avec un emprunt sur 20 ans, cela avait l’avantage que les remboursements étaient fiscalement reconnus, comme frais généraux. En fin de remboursement, il suffisait de demander la propriété pour le franc symbolique.

Le Crédit Industriel d’Alsace Lorrain (actuellement le C.I.C.)Nous consentit un prêt pour parfaire l’investissement, de l’agencement et du matériel. Les affaires étaient florissantes. Nous avions des salaires, moi comme P.D.G. et Marie-Odile comme agent de maîtrise non cadre avec un salaire honorable, cotisant un supplément pour la retraite. On verra plus tard que le flair de notre comptable, nous servira bien.

 

Nous ne disposions pas cependant de sommes à faire perdre la tête, d’autant plus que notre société Sumalor, c’était endettée pour ce faire. Ce fut un succès, malgré un quartier de Woippy dit sensible. Une enseigne concurrente, me fit une proposition pour racheter le magasin, nous offrant le prix d’un mois de chiffre d’affaire et la reprise de toutes nos signatures engagées dans nos emprunts. Si c’était allégeant, ce n’était pas correct face à Unico, qui nous avait fait confiance en 1972.

 

Puis il y eu les plaintes du petit commerce, contre la prolifération des grandes surfaces. Le gouvernement du intervenir pour réguler la multiplication de ce type de commerce. Les dirigeants du grand commerce étaient par exemple Bourriez de Cora ou Mulliez de Auchan.

Le directeur d’Unico de Metz, assista à des réunions de réflexion avec les gérants de la distribution de Cora et d’Auchan dénonçait l’entrave à la libre concurrence et à la création d’entreprise. Je n’ai pas compris que Philippe soit complice de ce mouvement. L’état créa des commissions d’urbanisme commerciales pour limiter l’implantation anarchique de surfaces de vente.

Les plus puissantes forces financières de la distribution ont quadrillé le territoire français, pour prendre le plus vite possible des positions sur des magasins ou des terrains.

Notre concurrent de Woippy était l’hyper Rond Point Coop. Les Coop de Lorraine, en difficulté vendirent ce point de vente à l’enseigne Mammouth, plus tard, ce magasin devint Auchan, celui encore existant en 2010.

Pour expliquer que la rivalité faisait déjà des ravages, à Maizières notre principal concurrent était le Radar Géant situé à Mondelange, aujourd’hui c’est Cora. Le groupe Radar décida de s’installer dans la grande rue de Maizières. Ce groupe prit en location, les locaux d’une ancienne quincaillerie d’une surface de 500 m2 sans parking privé, le stationnement public étant toujours saturé.

 

A cette époque, Migros un projet pour une surface commerciale à Maizières, à la sortie en direction de Talange, qui n’a eu de suite. J’ai donc proposé toujours à Maizières, dans la grande rue et face au nouveau Radar ou il y avait une bijouterie dans une maison avec à l’arrière un terrain de 62 ares.

 

J’ai rencontré les propriétaires, qui voulurent bien envisager, soit de vendre le terrain ou même la vente de l’ensemble. Après réflexion, ils nous proposèrent

1 million de francs. Nous avions bien quelques économies, mais loin du compte. Nous décidons d’en parler à notre juriste, il nous conseille de créer une SCI pour financer cet achat. Monsieur Philippe pouvait faire un apport. Notre beaux-frères et belle-sœur qui étaient salariés de notre société dirigeaient notre premier magasin de Maizières, en attendant d’investir, pour eux-même dans un magasin à leur compte. Mais prirent part dans la SCI. Un maraîcher de Metz monsieur Beaucourt étant lui aussi partant. Un représentant des vins de la Graffe et nos collègues de Chartres les Bedoin.

La somme réunie permit la création et le financement en janvier 1977 de la SCI dénommée Pasteur, dont le but était de louer ce terrain à notre société Sumalor avec comme but de créer un supermarché de 800 m2.

A l’époque, le loyer de l’argent était entre10 et 14%, j’ai eu tort à l’époque de proposer un rendement de 10 %, mais personne ne m’a conseillé. Car chacun sait aujourd’hui que les taux ont bien baissé.

 

Bref nous avons fait les démarches de financement, la construction financée par Intercoop et un emprunt bancaire, pour le matériel et le l’agencement.

Nous avons ouvert notre Super U le 15 novembre 1978 de 800 m2 de surface de vente et un parking privé de 40 places.

C’était un ensemble vraiment dans le vent à cette époque des accords étaient en pourparler avec Codec. On vit apparaître du produit Unicodec, c’est sous cette nouvelle enseigne qui devait se regrouper Unico et Codec

Qu’elle ne fut pas notre surprise, en apprenant que monsieur Philippe viendrait visiter notre pont de vente avec la direction de Codec. C’était le dernier né et le plus beau de la centrale.

Messieurs Reignier et Castelli diront à Philippe ‘ Nous avons un précédent avec ces gens-là ‘ et lui de répondre ‘Ne craigniez rien, vous serez bien reçu ‘

Reignier et Castelli me félicitèrent en me disant ‘ Nous savions bien que vous êtes courageux et compétent, nous regrettons vivement de ne pas avoir pu satisfaire votre ambition ‘ et Castelli de dire à Philippe ‘ Ce magasin pourrait être à l’enseigne Codec ‘ Mais le mariage Unicodec ne se fit pas.

 

Le ministre du commerce de l ‘ époque a supplié Codec de reprendre le redressement de Una en faillite, dans la foulée Una avait créé des supermarchés à tout va.

Codec redressa Una mais des commerçants indépendants sont partis à la concurrence.

La débandade commençait. Bref notre supermarché de Maizières commençait à prendre de sa vitesse de croisière. Quant à nous nous habitions dans l’ancienne bijouterie. Notre premier appartement était occupé par Mari-Paule et son mari, qui était embauché au poste de chef de magasin. Ils ont un moment perdu pied et nous avons dû les licencier.

 

Je dirigeais le super U Pasteur, Marie-Odile pilotait notre premier magasin de Maizières. Pour Woippy, nous avions embauché le fils d’un adhérent Unicode de Metz. Il s’acquittait bien de sa tâche et j’y allais une fois par semaine pour le remplacer lors de son repos hebdomadaire.

 

Tout était bien huilé et en 1982 Pascal après son service militaire, a intégré l’entreprise familiale en qualité de directeur du magasin de notre Super U de Maizières. Habitant à Maizières, cela qui me permettait de superviser n’ensemble. Notre société se stabilisait, quand on sut que les maisons Ast, qui avait ouvert un magasin de bricolage, près de m’autoroute vendait à Leclerc.

Unic nous conseilla d’agrandir notre surface, pour monter le chiffre d’affaire, ou de moins en perdre.

Quel dommage, tout était bien équilibré. Nous avons demandé à Intercoop, un rapport à notre crédit-bail, pour augmenter notre surface de vente et passer à 1200 m2. Leclerc ouvrit en 1983 et nous nous perdions 30% de notre chiffre d’affaires. Cela devenait insupportable, en égard à notre endettement et surtout les loyers importants de notre crédit-bail.

Unico cherchait un repreneur, un couple de commerçant s’intéressa, à midi nous les avons invité à partager notre repas avec nous. Ce couple avait connu un peu, la même situation que nous. En répartie de dire en plus, le banquier est en face ah non. Nous n’avions pas le cœur à rire.

Le 12 novembre 1985, un collègue de Rémilly, monsieur Grandjean se porta acquéreur en reprenant le fonds de commerce Super U de la société Sumalor, sis 70 Grand Rue à Maizières les Metz, avec clause suspensive apurée, la société Grandjean obtienne le financement. Elle prit possession des lieux.

Son dirigeant se rendit rapidement compte qu’il aurait beaucoup de mal à le rentabiliser. Monsieur Grandjean fit jouer la clause suspensive que vu son état de santé, la banque refusait l’emprunt, une manière honorable de se retirer.

La centrale s’inquiéta de trouver un repreneur et c’est un autre adhérent monsieur Siebert, se dit intéressé de reprendre, mais avec une société en cour de constitution. En cette attente, des actes furent rédigés en donnant le magasin en gérance à cette nouvelle société.

Ce qui était inquiétant pour notre société Sumalor restant alors responsable de la bonne gestion. De quoi se faire bien des soucis.

Après toute ces transactions hasardeuses, nous avions un repreneur global qui repris le fonds de commerce pour 450 000 francs et racheta la SCI Pasteur, moyennent la somme de 2 millions de francs, à partager entre les différents propriétaires.

Notre juriste maître Gury de nous dire ‘ Madame et monsieur Galby, vous avez bien travaillé pour les autres, puisque ce terrain a doublé de valeur ‘

 

Etant copropriétaire de la SCI Pasteur, nous avions l’avantage de pouvoir habiter aux 70 grandes rues à Maizières. Nous avons donc dû déménager. Sentant les difficultés inéluctables de notre société, nous avions acheté à Semecourt, notre demeure actuelle en juin 1986 pour la somme de 400 000 francs.

En faisant part de nos intentions à monsieur Philippe, du fait que nous avions déjà des retards de paiement à Unico, il ne s’y opposa pas. Disposant d’un apport de 100 000 francs, nous avons emprunté la différence pour pouvoir payer la maison.

C’est le cœur lourd, que nous quittions Maizières, le fleuron de notre société et le couronnement de nos efforts.

 

Plaie d’argent n’est pas mortelle.

 

Depuis novembre 1985, suite à la reprise de notre fonds de commerce par les Grandjean, nous nous sommes donc Marie-Odile, Pascal et moi-même rabattu, sur le magasin de Woippy. Nous dûment donc faire un licenciement économique, qui se solda avec des frais généraux supplémentaires.

Ce magasin était déficitaire de 300 000 francs annuellement. Au bilan du 30 juin 1986, l’équilibre financière était rétabli.

De cette date, jusqu'au bilan du 30 juin 1993, la consolidation de notre société se confortait et avait repris sa totale indépendance financière.

Le gagne-pain de la famille semblait assuré !!

 

Nous avions des problèmes de vols et de vandalisme, dans ce quartier périphérique de Woippy, jouxtant la banlieue de Metz. On ne peut compter le nombre de vols à l’étalage, des vols de nuit, effractions et vitrines cassées. Mais il fallait faire avec. Nos bilans annonçaient un bénéfice de 300 000 francs.

 

C’est en 1989 que Pascal, nous annonça son probable mariage avec Annie. Elle travaillait avec ses parents qui exploitaient une supérette à Puligny en Meurthe et Moselle. Nous connaissions un peu Annie, car préparant un BTS de commerce, elle fit son stage en entreprise dans notre Super U de Maizières.

Nous étions heureux que Pascal rencontre une fille de commerçant, se destinant au commerce. Un bon pressage pour leur avenir Ils eurent tous deux des responsabilités au magasin de Woippy, en attendant l’âge de la retraite qui approchait et de leur passer la main.

Ils se préparaient bien à cette éventualité, en prenant de bonnes initiatives.

 

Il se passa bien quelques années dans cette quiétude de regarder l’avenir. Cependant la concurrence allait encore se faire sentir, notamment des discounters allemands. Lidl s’intéressait à Woippy. Nous le savions par un immobilier qui nous proposa la reprise de notre magasin, avec comme objectif de le louer les murs à Lidl, alors que nous avions des successeurs tout trouvés avec nos enfants.

Lidl s’installa à Woippy, non loin de notre magasin, puis Aldi encore plus près et Auchan un projet à Sémecourt à quelques kilomètres de notre Super U.

 

A cette même époque, notre centrale Système U proposant à choisir le remodelage de notre magasin, pour qu’il garde l’enseigne Super U en marché U. L’investissement face à l’environnement concurrentiel tel qui dessinait, ne nous permis pas d’envisager cette mutation.

 

Notre enseigne Super U fut décrochée, du fait que nous n’avons pas pu faire les travaux nécessaires pour passer en Marché U.

Unico nous refusa la présence des produits U dans notre magasin. Ces produits représentaient 30% dans nos ventes.

 

Triste constat, après avoir été le créateur de l’enseigne et un des leaders sur le plan régional, il y avait certainement de quoi se sentir humilié !!

 

Mous avons donc du entamé des démarches auprès d’autres centrales, notamment à Lunéville, l’enseigne Schoppi, Huit à Huit. Nous envisagions avec cette nouvelle centrale l’enseigne Schoppi, qui nous offrait 400 000 francs pour travailler sous cette enseigne. Ce n’était pas si mal, en contrepartie ils exigeaient de notre banquier, une garantie bancaire sur les achats. Nous avons eu un rendez-vous avec notre banque le Crédit Mutuel, assistés de notre comptable et de notre conseiller juridique.

Ce fut un refus, notre banquier de me dire’ Ce n’est pas vous rendre service de nous engager auprès de vous, les hyper marchés sont de véritables rouleaux compresseurs ‘

Nous nous retrouvons seuls, face à cette situation. Le temps passait, la concurrence des discounters Lidl et Aldi même un service de bus s’organisait transportant nos clients depuis l’autre côté de la rue au magasin Auchan de Semecourt.

 

Nous avons cherché mais en vain un repreneur, le chiffre d’affaire baissait toujours. Dans un avenir proche, nous ne pourrions plus faire face, la faillite était à craindre. Nous avions une dette importante à la centrale System U de Mulhouse. A cette même période Unico Metz était au bord de la faillite et avait été relayée sans trop de tapage par la coopérative de Mulhouse. Elle se faisait pressente et demandait le chèque au cul du camion, lors de livraison.

 

Soudain un espoir de reprise, les Coopérateurs de Champagne installés à Etampes sur Marne, qui réfléchissait à leur avenir face, face à l’évolution du commerce, décidèrent de créer une nouvelle enseigne de discounter ‘Le Mutant ‘. A la recherche d’emplacement et pour étendre cette enseigne, reprirent notre magasin de Woippy rachetant le fonds de commerce 350 000 francs et signèrent un bail de 3-6-9 ans, le loyer annuel quant à lui fut fixé à 250 000 francs annuel.

 

Les Coopérateurs de Lorraine quant à eux avaient fait faillite, quelques années auparavant.

Les discussions et les engagements furent très secrets avec les Coopérateurs de Champagne. Notre juriste fit le nécessaire auprès de l’Intercoop pour que la société Sumalor rachète le crédit-bail à son profit ne restant plus que 2 ans à courir.

 

Intercoop accepta et la vente se fit entre leur notaire à Paris et une étude de Metz. La société Sumalor devenue propriétaire de l’immeuble pouvant donc établir un bail, pour ‘ Le Mutant ‘ à partir de cet instant, notre juriste et avocat avaient carte en main, pour traiter avec les Coopérateurs de Champagne.

 

C’était la dernière semaine de mars 1995, maître Gury avocat et juriste monsieur Galby, parce que c’est vous, je vous prends par la main à condition que vous me fassiez tout ce que je vous demande et rien de plus, lundi matin vous n’aurez plus le magasin, faites votre affaire de vider totalement le magasin des marchandises et lundi matin votre personnel sera informé de l’événement, je les rencontrerais pour les informer du licenciement ‘

 

Le lundi matin monsieur Gury se rendit à la banque, pour, demander à notre banquier de ne plus rien payer, ni traites, ni chèques, pour cumuler un capital, pour régler l’achat des murs chez Intercoop.dés le lundi, l’affaire fit grand bruit. C’était très humiliant de rencontrer les gens et encore plus nos créanciers. Cependant avec notre compte courant à la banque, la vente du fonds de commerce, les premiers loyers versés par les Coopérateurs de Champagne. Maître Gury établit un moratoire.

L’explication fut donnée à notre personnel, aux caisses sociales et à nos fournisseurs, un plan de paiement de nos dettes fut établi. Système U Mulhouse apprit la nouvelle, nous accueillit très sèchement, mais puisqu’il y avait une possibilité de nous acquitter par nos loyer accepta d’étaler notre dette dans le temps. Ce qui nous permis de promettre à tous nos fournisseurs de les régler dans l’année, 50% en juillet, le reste en septembre et décembre.

 

Ce n’est pas de gaîté de cœur que nous nous sommes pliés à toutes ces manigances. Le plus angoissant pour nous, c’était de ne pas offrir à Pascal et à Annie la sécurité de leurs emplois, après tant de travail et depuis si longtemps à maintenir le cap. Que de désillusions cette déroutante situation. Avec beaucoup de courage, Pascal et Annie nous aidèrent à passer le cap.

 

Rentrant à leur domicile à Amanvillers, Pascal, son épouse et leurs 2 enfants Jordan et Williams. Annie prit une formation de secrétaire de direction à Metz. Pascal prit une place de directeur d’un supermarché Match, groupe Cora à Jarny distant de 15 kms de leur domicile. Quant à nous, nous savons réintégrés notre demeure à Semecourt, moi à la retraite avec 10 000 francs, Marie-Odile à 57 ans ne pouvant pas l’être, ni bénéficier de l’assurance chômage, du fait de son statut d’actionnaire et d’épouse de l’actionnaire principal ne lui a pas permis d’obtenir une quelconque compensation.

Nous nous sommes vite rendu compte que ma retraite ne nous permettait pas de faire face, d’autant plus que nous avions à régler mensuellement 3800 francs pour le remboursement de la maison.

 

Des hommes d’affaires, nous conseillèrent de reprendre une activité commerciale, par exemple des marchés de fruits et légumes ou un autre travail. C ‘est dans cette perspective que nous avons acheté une camionnette Trafic, pour nous lancer à nouveau. Le but était d’avoir une activité commerciale pour pouvoir apurer les dettes Sumalor. Notre comptable nous le déconseilla vivement. Impossible fiscalement d’éponger des pertes d’une société qui a vendu son fonds de commerce, en n’étant plus loueuse de locaux.

 

Marie-Odile du chercher un travail, elle fut embauchée en tant qu’assistante et démarcheur à Metz, dans une agence immobilière spécialisée dans la vente de fonds de commerce. Elle était à l’aise connaissant bien la situation économique. Elle appréciait aussi les conditions familiales des vendeurs, pour lui redonner moral et espoir.

 

Quant à moi, je restais seul à la maison car Marie-Odile partait le matin et ne rentrait qu’en fin d’après midi

 

Le stage d’Annie se terminait et elle trouva du travail sur Metz. La garde des enfants devint préoccupante.

 

Pour nous rendre disponible pour la garde des enfants Jordan et Williams, nous envisagions de prendre des enfants en garde à notre domicile pour avoir cet apport financier dont nous avions besoin. Deux familles de Semecourt, nous confirent chacune 2 enfants. P

our être reconnue assistante maternelle, Marie-Odile dur faire 2 stages obligatoire pour prétendre à cette fonction. Et si je pouvais aider Marie-Odile, dans son nouveau travail, c’était vraiment avec un réel plaisir.

 

C’est aussi avec beaucoup de bonheur, que je m’adonnais aux travaux de bricolage, pour l’entretien de notre maison, plus encore le jardinage élevant amoureusement fleurs et légumes. Le retour à la terre, cela m’avait tellement manqué pendant toutes ces années. Après tout ce branlebas me permit d’accepter la vie avec beaucoup d’apaisement et de sérénité et faire plaisir avec mon humble récolte.

 

Nous ne me pensions pas que cette quiétude n’était que provisoire. Notre successeur à Woippy ‘Le Mutant ‘ décida de baisser le rideau, l’année suivante pour pouvoir dénoncer le bail à trois ans. Pendant ces trois années, nous encaissions les loyers, pour apurer notre dette chez Système U.

 

Une difficulté que je dois évoquer, c’est que notre société Sumalor devait acquitter l’impôt sur le revenu de nos loyers sans pouvoir éponger les déficits antérieurs.

Les déficits étant commerciaux, la société Sumalor n’ayant plus d’activité commerciale, ses nouveaux revenus de locataire étaient passibles de l’impôt. Ce qui emputtait d’autant les revenus des loyers pour régler notre dette à Système U.

Nous avons dû à nouveau déployer encore des démarches pour louer ou trouver un repreneur de notre société Sumalor.

 

Enfin au premier trimestre de 1999, nous avions un repreneur, la société pierre Dagnet qui exploitait déjà plusieurs magasins en Franche-Comté. Après une première rencontre et avoir visité ses magasins existants, nous avons compris que notre magasin pouvait l’intéresser. Ces magasins étaient à dominante fruits et légumes, épices en vrac, gros conditionnements de couscous par exemple, s’adressant principalement à une clientèle cosmopolite.

Les pourparlers de reprise durèrent bien 6 mois. J’ai proposé à monsieur Dagnet de reprendre la société Sumalor, pour le franc symbolique étant donné la situation financière de celle-ci et de nous rembourser 2 millions d francs, ayant mis au fur et à mesure, toutes nos économies pour que notre société tiennent debout.

Ainsi nous reprenions nos capitaux, sans frais fiscaux, alors que la vente des murs était passible de 36% de frais. Devant le refus de Dagnet de reprendre la société et après bien des discussions Dagnet accepta de parfaire son offre de 20 000 francs, pour partager en deux les frais fiscaux sur la vente des murs.

Cependant la signature définitive étant soumise à une clause suspensive, celle d’obtenir la réouverture du magasin, après obtention de l’agrément de la commission, étant donné que le magasin avait été fermé plus de 3 ans.

Ce fut un doute et un gros souci, le maire de Metz et le préfet avaient donné un avis défavorable.

La réunion de la commission eut lieu, je fus interpeller le premier. Et d’expliquer qu’après avoir exploité ce magasin, la reprise par Le Mutant, puis suivie la fermeture, je pouvais encore expliquer qu’un commerce alimentaire puisse s’y installer et se développer. Je ventais encore le dynamisme de Dagnet de proposer un assortiment de produits, rendant service à une clientèle cosmopolite. La situation de notre magasin était toute indiquée pour l’exploitation d’un tel commerce.

 

Bref, la commission donna un avis favorable.

Nous avons pu ainsi payer la plue-value sur la vente des murs du magasin et régler la totalité de nos dettes à Système U, car il venait d’avoir un entretien avec notre juriste pour savoir si nous avions des biens à saisir, pour apurer notre dette. Notre juriste maître Gury, leur répondit qu’après une vie de travail nous ne possédions que notre maison de Semecourt et qu’elle n’était même pas finie de payer.

 

C’est ainsi que plus de quinze ans de notre vie active, nous avons énormément souffert de cette situation angoissante de savoir ce que demain sera fait.

 

Merci mon Dieu d’avoir eu la santé, pour faire face à tant de désillusions, que dans la gloire ou la détresse et la tempête, notre couple en ait triomphé par l’amour. 

Publié dans Autobiographie

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