Chapitre 5 : retour du régiment
Je partis en avril 1952, pour effectuer mon service militaire, jusqu’en octobre de 1953. Dix-huit mois sous les drapeaux. Je fus incorporé en Allemagne, à Offenbourg, en tant que force française d’occupation. Mes parents eurent beaucoup de chagrin, de me voir partir en occupation en Allemagne. Ma mère a pleuré, lors de mon départ, mon père m’a accompagné au train, à Illiers-Combray en vélo. Il m’a embrassé en pleurant et a ramené mon vélo, en le tenant par le guidon au Grand Bois.
Il ne pensait certainement pas, à l’époque que mon frère Claude participerait à la guerre d’Algérie. Encore des années d’angoisses pénibles, et de souffrance.
Le service militaire terminé, il fallait songer à reprendre un emploi. Je n’osais pas me proposer chez mes anciens patrons. Du fait qu’il avait toujours, Pierre Bichette, qui était le premier commis, chez eux, quand je suis parti au service militaire.
Les salaires de deux hommes à compétence égales, ne pouvaient être supportés par cette entreprise, sachant que j’avais la préférence de Bassaler. Cas de conscience.
J’ai pris conseil, auprès de monsieur Peigné, mon premier patron, il avait créé un magasin, au rez de chaussée de l’annexe, un magasin de faïence et vaisselle, pour sa fille, celle qui était célibataire.
Il me conseilla vivement de reprendre mon travail, chez Bassaler : « Tu verras, ils ne resteront pas à Bonneval ». Ils t’estiment bien, peut-être un jour, ils te céderont leur affaire.
A l’époque, cela me sembla énorme, envisager un jour l’achat d’une entreprise. A l’issue de cet entretien, je fus à nouveau embauché chez Bassaler.
Ce que je pressentais arriva, Bassaler congédia Pierre Bichette, qui retrouva vite du travail à Bonneval, mon Dieu que je fus rassuré.
Bonneval : à droite le café Saint Roch
Un poème qui me revient !
Le départ pour l’école,
C’est l’heure de la classe a dit la Mère, en route !
Les yeux pleins de sommeil les petits écoliers s’habillent à tâtons
Mettent leurs gros souliers et les voilà partis grignotant une pomme
Qu’il fait froid ce matin les arbres en déroute se courbent sous le vent
Qui cingle les halliers et la neige poudrait les sillons réguliers
S’attardes sur la route et la recouvre toute
Oui l’école est bien loin et l’hiver est bien dur
Marchez pourtant, marchez d’un pas vaillant et sûr
Enfants vers le devoir chacun pour le pays doit peiner à son tour
Marchez vers le savoir car vous serez un jour
Humbles petits cerveaux le cerveau de la France
Ainsi qu’un chant de Noël :
Noël des Gueux
Bon laboureur debout le jour se lève
Et du soleil bientôt le disque d’or
De tes sillons va labourer la terre
Vient saluer le Dieu du Méssidor
Par les sillons, les garçons et les filles
Troupeaux joyeux s’en vont en liberté
Sous le ciel bleu de leurs familles
Le blé qui doit nourrir l’humanité
Chante paysan que ta voix s’élance
En accent joyeux monte vers le ciel
La moisson s’annonce belle et florissante
Chante paysan c’est Noël, c’est Noël,
Pauvre mineur qui descend dans la houille
Sans contempler quel sera ton destin
Comme un danné pour faire vivre ta famille
Un puits obscur est toujours incertain
A ton foyer ta brave ménagère
T’attends hélas le cœur anxieux
Sors du tombeau renais à la lumière
Voici dimanche le jour au malheureux
Chante noir mineur que ta voix s’élance
En accent joyeux monte vers le ciel
Dimanche est pour toi jour de délivrance
Chante noir mineur c’est Noël c’est Noël
Vaillants soldats aux lauriers éphémères.
La guerre hélas fait pleurer bien des Mères
Combien de sang de deuils et de tombeaux
Dans l’avenir une aurore meilleure
Sur le passé jetant un voile qui se lèvera
Pour sonner enfin l’heure ou règnera l’universelle paix
Chante fier soldat que ta voix altière
En accent joyeux monte vers le ciel
Et nos yeux fixés sur notre frontière
Fier soldat attend c’est Noël c’est Noël